L’acteur danois a tellement aimé son rôle de patriarche d’une famille où l’on est pasteur de père en fils dans «Au nom du père», qu’il s’est réellement converti. Une formidable série danoise dont la saison 2 démarre ce jeudi sur Arte.
Adam Price, le créateur de la série politique « Borgen » dont une nouvelle saison est annoncée pour 2022 sur Netflix, est à l’origine d’ « Au nom du père », fiction bouleversante sur la famille et la foi. La seconde saison est encore une réussite emmenée par des acteurs de haut vol, Lars Mikkelsen en tête. Nous avons joint celui-ci chez lui au Danemark où il attend patiemment la reprise du tournage de « The Witcher » (Netflix), sur lequel il devait se rendre à Londres juste avant le confinement.
Il est aussi doux que son personnage est dur. Dans « Au nom du père », dont les deux saisons sont déjà disponibles en intégralité sur Arte.tv, Lars Mikkelsen, 56 ans, incarne un pasteur de l’Eglise danoise, luthérienne, où les religieux peuvent se marier et avoir des enfants. Issu d’une longue lignée d’hommes d’église, son personnage est aussi doué dans sa vie professionnelle que malhabile dans sa vie privée.
«Avec cette série, j’ai compris comment l’église fonctionnait»
« Il a plein de défauts et c’est ce qui le rend d’autant plus passionnant à jouer », s’enthousiasme Lars Mikkelsen. Né dans une famille communiste, ce dernier avoue que la religion n’était pas du tout au centre de son éducation, rendant d’autant plus fascinante l’intrigue d’« Au nom du père ». « Imaginez un auteur qui vous dit qu’il veut faire une série sur une famille de prêtres, c’est fou ! Moi, j’avais peur de jouer dedans, parce que la religion est un thème très politique et c’est un sujet très intime pour beaucoup de gens. »
La grande réussite d’« Au nom du père » c’est justement d’aborder la foi telle qu’on peut y faire face au quotidien et pas la religion sous le prisme de l’extrémisme. Cette saison 2 aborde plus particulièrement le deuil, que chacun des protagonistes va vivre différemment. « Sur le tournage, il y avait une atmosphère différente qu’en saison 1, car ce n’est pas évident d’aller travailler tous les jours et de se plonger dans les émotions provoquées par le deuil. Nous rigolions quand même beaucoup entre les prises pour relâcher la pression. »
«Au nom du père» – saison 2 Bande-annonce VO
Lars Mikkelsen a été particulièrement touché par le propos de la série au point de prendre une décision radicale. « Pour préparer ce rôle, j’ai rencontré beaucoup de pasteurs. Avoir la foi, ça demande une introspection et une certaine naïveté qu’il n’est pas évident d’accepter. Avec cette série, j’ai compris comment l’église fonctionnait et je me suis reconnu dans certains dialogues. J’ai donc décidé de me faire baptiser. Aujourd’hui, je vais à la messe, pas tous les dimanches mais régulièrement. »
Penché sur la bouteille, infidèle et père très strict, Johannes Krogh, le personnage que joue Lars Mikkelsen, enchaîne les mauvaises décisions. « Plus je le jouais, plus ça me confortait dans mes propres choix de père, totalement à l’opposé de ceux de Johannes », rit le comédien, papa de deux fils de 19 et 25 ans.
(Stéphanie Guerrin – leparisien.fr)