Les veuves de Serge Reggiani et de Richard Anthony, et la fille de Georges Moustaki, dévoilent des œuvres inédites des trois artistes disparus.
Six, voire quinze ans après la disparition de leur célèbre proche, ces femmes, veuves ou « fille de », font tout pour qu’il ne tombe pas dans l’oubli. Livres, CD ou même mini-musée à la gloire de l’artiste… Elles continuent de faire vivre ces œuvres, tout en livrant quelques précieux souvenirs.
« On ne parle pas assez de Serge »
C’était il y a 15 ans jour pour jour. Le 22 juillet 2004, Serge Reggiani était foudroyé par une crise cardiaque à l’âge de 82 ans, emportant avec lui des chansons magiques comme « L’Italien », « Votre fille a 20 ans », « Il suffirait de presque rien », « Ma liberté ».
Quinze ans plus tard, nous sommes quelques-uns à avoir instantanément les larmes aux yeux en entendant sa voix. Quelques-uns seulement. Si beaucoup d’artistes citent mécaniquement le trio Brel-Brassens-Ferré comme références incontournables, ils sont beaucoup moins nombreux, à l’exception d’Isabelle Boulay qui lui a consacré un album, à penser spontanément à l’acteur légendaire de « Casque d’or », devenu chanteur de génie.
« Je trouve que l’on ne parle pas assez de Serge, confirme sa veuve Noëlle Adam, 85 ans, qui a partagé sa vie pendant plus de trois décennies. Pour moi, de toute façon, ça n’est jamais assez. On l’a oublié parfois. » Reggiani n’a sans doute jamais enregistré de chansons aussi populaires que « Ne me quitte pas », « Les copains d’abord » ou « Avec le temps » pour rester dans l’inconscient collectif 15 ans après sa disparition.
Heureusement, un imposant coffret de 340 titres en 18 CD et des DVD de deux de ses rôles emblématiques dans « Casque d’or » et « Vincent, François, Paul et les autres » célèbre ces jours-ci l’œuvre majeur d’un artiste qui reste l’un des plus grands interprètes de l’histoire de la chanson.
Noëlle Adam s’émerveille devant ce coffret, qu’elle a laissé faire de loin, depuis la maison de repos où elle vit aujourd’hui. « Ce matin, on a eu droit à des chansons de Serge dans la résidence, nous confie-t-elle au téléphone. Ça m’émeut forcément. Je pense tout le temps à lui. Il est toujours là, je le vois tout le temps. Je repense aux moments forts que nous passions en Provence dans sa maison de campagne avec des amis comme Picasso, qui n’était pas loin. »
Ce lundi ne sera pas une journée comme les autres pour Noëlle. « Mais je ne vais pas aller sur la tombe de Serge pour autant, ajoute-t-elle. Il est dans mon cœur, pas dans un trou. » Il sera aussi bientôt sur une place à Paris, celle de Bitche dont le square sera rebaptisé Serge Reggiani en septembre, dans le XIXe, non loin de certains lieux de tournage de « Casque d’Or ». Ainsi, il y aura toujours au moins quelqu’un pour se demander qui il était…
(Emmanuel Marolle – leparisien.fr)