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Toni Adrian Savu

SQUELETTES DE L’OMBRE

Métaphoriquement, je m’imagine le repas quotidien des squelettes de l’ombre, composé des organes, de la chair et du sang des opprimés, des humiliés, des bafoués, des torturés, des assassinés. Rien ne les rassasie ! Ils paraissent avoir une faim inextinguible, gargantuesque ! Leur festin se termine toujours par un gâteau de fête, formé de trois couches de pâte imbibées de pétrole et enveloppées de devises, d’or et de beaucoup de souffrances. Les discussions autour de la table parlent de choses déjà archidébattues : destruction, vol, crime, insécurité, perte d’identité, destruction de la foi, famine, soumissions. Leur restaurant de luxe a la façade d’un cimetière. Sur la porte d’entrée est accrochée une pancarte portant un crâne et le signe de la victoire esquissé par une main de squelette. L’intérieur est imprégné d’une odeur de cadavre en torréfaction et de vieux sang. Les fils électriques sont des intestins humains, l’amplificateur a la forme d’un tank et le microphone, dans lequel parlent ces monstres hideux, a la forme d’un pistolet. Le sol est couvert de rets et d’eau sale au lieu de tapis et les murs sont pavoisés de slogans du genre : « Qui n’est pas avec nous est contre nous ! » ; « Supprimons l’information ! » ; « Désunion ! » ; « Haine ! », etc. Les voitures de luxe, garées devant le restaurant, ont l’élégance de corbillards. Invitée à parler à une telle orgie, la Mort elle-même se démarque d’une telle assemblée répugnante : « Vous vous trompez complètement si vous croyez que je fais partie de votre monde. Moi, je ne voie pas, je n’opprime pas, je ne piétine pas la religion, je ne veux pas de richesses ! Je fais simplement mon devoir. Vous avez confondu crime et mort et vous avez fait erreur. Ce que vous faites vous, m’empêche de vous aider à rendre l’âme en paix, vous voulez donc mourir dans la souffrance, avalés que vous serez par le néant ? La vie après la mort ne sera pas pour vous, parce que vous vous êtes moqués du nom de Dieu, vous avez violé les Dix Commandements, bafouant, volant, tuant des vies innocentes !…

Toni Adrian Savu

LE VIRTUEL REMPLACE LE RÉEL ET L’HUMAIN

Le monde en cours de mondialisation est marqué par de graves mutations économiques touchant le monde social de manière dramatique, avec des implications culturelles, mais aussi ontologiques et existentielles. Le but de l’économie est de produire et accumuler de l’argent.

« Argent : valeur suprême ! »

Dans ce contexte, l’argent est la valeur suprême ! L’argent et non pas l’être humain ou le travail ou la religion ! Impuissants, nous sommes condamnés à être les témoins de l’offensive du capital contre le travail, contre nous, contre nos principes et nos valeurs, contre la civilisation humaine. La gestion intelligente et efficace de l’information, conformément aux règles de la productivité, de la compétitivité et de la rentabilité, ne font qu’ignorer presqu’un milliard de gens qui n’ont pas de travail ou travaillent par intérim, au-dessous de leurs compétences. Ces entreprises, des réseaux impersonnels composés d’éléments complémentaires, sont présentes partout dans le monde dans le seul but d’obtenir le profit maximum.

La rentabilité, nouveau credo

Leur système : utiliser la main-d’œuvre la moins chère, trouvée facilement dans les pays sous-développés ou en voie de développement (la Roumanie est l’un d’entre eux), et de vendre la marchandise à un prix intéressant dans les pays développés. Les conséquences de ce système ne font qu’aggraver les inégalités économiques et technologiques des individus: les riches sont encore plus riches, tandis que les pauvres s’appauvrissent encore plus. On voit apparaître de vrais empires économiques dans le monde des finances, du commerce, de l’informatique, des médias, qui migrent un peu partout pour continuer à produire à bon marché et qui déplacent électroniquement leur capital là où ils veulent sur la planète, obéissant seulement à la loi du profit. Dans ce monde globalisé, l’économie et la technologie dominent alors que d’autres domaines sont en ce moment en déclin, voir le monde politique, social, culturel ou religieux.

« Un nouveau totalitarisme s’impose »

Un nouveau type de totalitarisme s’impose, un monde de nature économique où règne le régime de la mondialisation du marché, et les états ne font que jouer le rôle d’administrateurs, impuissants devant ce monde de la finance et des banques, impuissants pour contrôler les flux d’argent, d’informations et de la marchandise. Le slogan de la mondialisation pourrait être : « Tout pouvoir aux marchés ! ». Réaliser une civilisation informatisée n’est qu’une couverture pour abandonner les principes essentiels de la démocratie, délaisser la législation, tuer l’homme « traditionnel » et à la fois son identité religieuse culturelle, tout cela pour faire de la place à un nouveau type d’homme, « l’homme nouveau », « mondialisé », l’homme du « nouvel ordre mondial ». L’homme « mondialisé » reste seul, sans défense devant la manipulation technico-économique, mais aussi devant les aveuglantes forces de l’instinct ou de l’agressivité. Consommer, se faire plaisir, s’amuser remplacent la culture, la religion, la famille. Le virtuel remplace le réel et l’humain, impitoyable épreuve!

Toni Adrian Savu

Taxidermiste, Savu Toni Adrian va exposer

Il a travaillé au château de Ploiesti, non loin de la capitale roumaine, Bucarest, avant de rejoindre la France et quitter un régime qui ne lui convenait pas. Savu Toni Adrian, Européen convaincu, a débarqué à Nantes il y a une dizaine d’années et à Fleurance depuis quelques mois. Avec sa compagne, il loge à la cité du Gebra. Très discret, ce Roumain a des doigts en or. Il sait tout faire. Diplômé ingénieur du son, électricien à ses heures, il a aussi «bricolé» dans la décoration de théâtres, de cinéma et s’occupait surtout des plateaux de mixage. Un détour en Albanie lui a permis d’apprendre à faire des cascades d’eau décoratives pour mettre dans les appartements qui «sont très bonnes pour la santé et surtout très reposantes», dit-il. A côté de son vaste éventail d’occupation, il a une autre corde à son arc : la taxidermie. Savu Toni Adrian la pratique sur les poissons et les crustacés. Il a appris non loin de Brasov. «Les plus difficiles à naturaliser sont les poissons car la peau n’est pas épaisse et se déchire facilement. Pour les crabes ou autres crustacés, il n’y a pas de problème, ils sèchent naturellement, les couleurs sont faciles à retrouver pour les rendre le plus vrais possible. Puis, il y a ensuite un travail d’art dans la composition du support et de la décoration. Pour l’instant, c’est sur du verre bombé que j’applique mes sujets car ils donnent l’impression d’être encore dans l’eau, accrochés à un végétal ou toutes autres plantes aquatiques. Pour ce travail, j’y passe pas mal de temps mais c’est très intéressant», explique-t-il. Savi Toni Adrian prépare actuellement une exposition de ces œuvres naturalisées. Il les présentera à la galerie d’art municipale Laurentie en décembre prochain.

Tags : la tribunetoni adrian savu

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